Tu es un créatif et tu rêves de transformer ta passion en métier ?
Oui, mais tu te demandes comment passer du hobby à une activité professionnelle, et donc rémunérée ! Ton travail intéressera-t-il d’éventuels clients ? Comment fixer tes tarifs ? Autant de questions qui assaillent ton cerveau. Car savoir se vendre n’est pas si simple !
Manon Soules est passée par là. Membre du Campus des Créateurs Nomades, elle vit à Montréal, au Québec, et travaille déjà comme graphiste et directrice artistique pour un label de musique.
Elle se lance aujourd’hui dans la photo, jusqu’alors un simple loisir pour elle, et se spécialise dans la photographie culinaire.
Grâce à son parcours, tu découvriras entre autres comment sauter le pas et vendre tes prestations (à juste prix), quelles sont les trois grandes peurs des porteurs de projet – et comment les faire sauter ! – ainsi qu’une foule de conseils pour tout photographe et créatif en général qui souhaite devenir freelance.
Tu peux retrouver l’interview complète de Manon en vidéo ci-dessus ou dans le podcast « Créateurs Nomades » :
Graphiste et photographe : d’un métier passion à un autre
Après avoir poursuivi toutes ses études dans le design graphique, c’est tout naturellement que Manon est devenue graphiste. Elle a la chance d’avoir trouvé un poste de directrice artistique très stimulant au sein d’un label de musique.
Elle exerce donc un métier créatif, qui en ferait rêver plus d’un ! Pourtant, elle a aujourd’hui un autre projet : devenir photographe culinaire freelance.
Comment lui est venue cette idée ?
Comme pour beaucoup, la période Covid a été une petite parenthèse dans sa vie professionnelle. Elle connaît alors le chômage. Comme Manon est une créative, elle ressent le besoin de produire, et cuisine beaucoup. Elle se met alors à prendre en photo ses plats et se rend compte qu’elle adore ça !
Elle a alors un déclic : et si, au lieu de garder ses photos pour elle, elle proposait ses services et transformait cette passion en métier ?
Elle propose alors une prestation gratuite sur un groupe Facebook d’entrepreneures féminines, dans le but d’expérimenter et de se mettre en condition de photographe professionnelle. À sa grande surprise, elle reçoit 60 demandes en retour ! Et le contrat qu’elle choisit se passe si bien qu’il se transforme en contrat payant.
L’aventure freelance commence pour elle !
Mais comment passer d’une activité-plaisir, d’un loisir, à une activité professionnelle ? Comment savoir si l’on peut vendre ses prestations et vivre de sa passion ? Manon a quelques conseils pour toi !
Comment prendre confiance et vendre son travail quand on est un créatif ?
Il peut être difficile, quand on se lance en freelance, d’assumer de vendre ses prestations. Et encore plus quand on est un créatif ! Mais pourquoi, et surtout comment surmonter cette peur ?
1 – Comprendre pourquoi gagner de l’argent sur tes créations te met mal à l’aise
Identifier ses blocages est toujours la première étape à franchir pour apprendre à les surmonter.
Qu’est-ce qui te freine ? D’où vient la peur de te vendre ?
Pour Manon, le syndrome de l’imposteur a été le frein le plus important. Elle exerce pourtant déjà un métier créatif pour lequel elle est reconnue ! Mais elle pensait que la photographie n’était qu’un hobby pour elle, et que ça ne se transformerait jamais en travail.
Dans ce rapport à l’argent, pose-toi donc la question : que tu sois photographe, graphiste, vidéaste, rédacteur ou encore illustrateur, quels sont les blocages qui te freinent dans ton rêve de te professionnaliser ?
Il te sera plus simple, une fois tes craintes formulées, de vaincre la peur de te vendre.
2 – Sortir des idées reçues !
Pourquoi est-ce si difficile pour un créatif de monétiser ce qu’il fait ?
Parce que dans l’imaginaire collectif, le travail est, la plupart du temps, associé au labeur, voire à la souffrance.
Il est donc parfois difficile pour certains de concevoir vendre des prestations qu’ils ont pris énormément de plaisir à réaliser.
Je l’aurais fait gratuitement tellement j’adore ça !
Manon
Il est temps de casser les codes : aimer son métier, aimer ce qu’on fait, rend encore plus productif, et non l’inverse ! La passion qui t’anime te donnera d’autant plus envie de travailler, de te perfectionner, de te former…
3 – Passer le cap du loisir à la prestation professionnelle
Forcément, passer de la simple photo amateur à une prestation professionnelle demande quelques ajustements.
Manon faisait des photos très artistiques pour elle, reléguant un peu les détails techniques au second plan de ses priorités. Pour se professionnaliser dans la photo culinaire, elle savait qu’il fallait franchir un cap afin de pouvoir livrer un produit vraiment professionnel et commercial.
De plus, elle a eu une excellente idée en proposant un contrat « gratuit » : elle a traité son « client » comme si elle était rémunérée pour ce travail, avec exigence donc, mais sans la pression.
Elle a ainsi pu expérimenter les vraies conditions d’un contrat photo, et avoir un retour réel sur son travail. Très positif dans son cas puisqu’il s’est transformé en contrat payant par la suite ! (et bim, le syndrome de l’imposteur !)
4 – Prendre conscience de la valeur commerciale de son travail
Pour vendre ton travail, encore faut-il connaître sa valeur marchande.
Il est donc essentiel de comprendre que tes réalisations vont apporter de la valeur à une entreprise. Et surtout que celle-ci est prête à payer justement parce que tes prestations répondent à ses besoins, quels qu’ils soient : construction d’une identité visuelle, publicité, production de contenus…
Le retour de la première cliente de Manon a été très positif. Ce qui lui a permis de passer à l’étape supérieure, c’est…
…que ce soit elle qui reconnaissait que mes photos étaient vraiment professionnelles et qu’elle allait s’en servir pour faire de la publicité qui allait rapporter de la valeur à son entreprise.”
Manon
5 – Apprendre à fixer ses tarifs
Ça y est, tu es prêt à vendre tes prestations ! Reste à en fixer le prix… et ce n’est pas une mince affaire ! Comment facturer au prix juste ?
Parfois, il arrive que certains freelances se bradent, soit parce qu’ils n’ont pas assez confiance en eux, soit parce qu’ils ont peur de la réaction de leurs prospects.
Mais ce qu’il faut comprendre, et pouvoir expliquer sereinement à tes prospects si cela se présente, c’est tout ce que comprend ton prix.
Parce que la somme que tu factures n’est pas celle qui rentre dans ton portefeuille !
Ce prix comprend les taxes, le matériel, le ou les abonnements aux logiciels, les éventuels frais de déplacement… Manon l’a bien compris.
Je le sais parce que j’investis et je sais combien a coûté mon appareil photo, je sais combien coûte une lentille (…) c’est sûr qu’il faut le rentabiliser derrière parce que sinon on est perdant et au bout d’un moment, on s’essouffle.
Manon
Donc garde en tête, si tu veux devenir freelance, que tes revenus correspondent à tes tarifs moins toutes ces charges. Tu peux aussi calculer ton taux journalier moyen (TJM) pour évaluer le coût de ton travail et proposer ta grille de tarifs.
6 – Se former sur l’entrepreneuriat et s’entourer d’autres freelances
Rien de tel que de s’entourer de personnes qui vivent la même chose que toi, qui rencontrent les mêmes difficultés, pour te sentir compris et soutenu.
Dans des études d’art, et même de façon plus générale, rares sont les créatifs qui veulent se lancer en indépendant à avoir été formés sur la création des devis, des factures, sur la relation avec les clients…
Il est possible d’apprendre sur le tas, ou de se former.
Investir sur soi-même, c’est le meilleur investissement.
Manon
Manon a choisi la deuxième option et a rejoint le Campus des Créateurs Nomades pour gagner du temps et apprendre tout ce qui est nécessaire pour passer du salariat à l’entrepreneuriat. Mais ce qu’elle a le plus apprécié, c’est de pouvoir rencontrer d’autres créateurs dans la même situation qu’elle : une vraie communauté qui permet de s’entraider, se conseiller, partager ses doutes, mais aussi ses réussites !
Le Campus, c’est le propulseur qui a fait que je suis passée de grand rêve dans ma tête à des choses concrètes.
Manon
La photographie culinaire : bien plus que de la photo
La photo culinaire va bien au-delà de la prise de beaux clichés de plats.
Et c’est ce qui plaît à Manon !
En effet, elle s’occupe de la direction artistique, du stylisme des photos. Cela passe par le choix de la vaisselle, des fonds photos – qu’elle peint elle-même d’ailleurs. Elle cuisine les plats. Le graphisme s’en mêle lorsqu’elle compose ses images, travaille les couleurs complémentaires… Ainsi, la photographie culinaire regroupe tout ce qu’elle aime !
Voilà un bel exemple d’Ikigaï trouvé !
Tu ne sais pas ce qu’est un Ikigaï ou comment trouver le tien ? Télécharge vite notre guide pour le découvrir !
Est-ce une bonne idée de se spécialiser quand on est photographe ?
Manon se spécialise dans la photographie culinaire. Pourtant, elle aime la photo en général ! Elle réalise des photos d’événements et de concerts pour sa boîte, elle adore la photo de voyage…
A-t-elle peur de s’enfermer ?
Je me dis que non. Finalement, la photo culinaire, ça peut devenir un travail. Et la photo de voyage, ça peut être juste pour mon propre plaisir. Je ne suis pas obligée de faire du travail de partout.
Manon
Faire de sa passion un métier est un rêve pour beaucoup, mais il ne faut pas tomber dans le piège de l’écœurement, au risque de perdre la flamme.
Te spécialiser présente donc deux grands avantages :
- ton offre est plus ciblée et donc plus visible par tes « clients idéaux » ;
- tu peux créer dans d’autres domaines sans autre objectif que ton plaisir personnel.
C’est le choix qu’ont fait également Camille Hernandez, photographe underwater à Tahiti, ou encore Sandrine Chiarena, photographe de montagne au Canada.
Et ça ne t’empêche pas d’accepter des contrats qui sortent de ton champ d’expertise de temps à autre !
Être freelance, c’est opter pour la liberté de choix !
Photographe : comment attirer des clients ?
Manon n’a pas encore eu à prospecter pour décrocher des contrats. Et pour cause ! Pour l’instant, tout s’est fait de bouche-à-oreille. C’est la force du réseau !
Sa première cliente a fait naturellement de la pub pour elle. D’autres entrepreneurs du même milieu – la cuisine végétarienne – ont vu ses tirages exposés sur le stand de cette dernière. Manon avait quand même eu le bon réflexe de lui fournir des cartes de visite !
C’est ainsi qu’elle a décroché son deuxième contrat.
En donnant de la visibilité à son travail et en ayant conscience de la force du réseau, les clients viennent tout naturellement à elle.
Créateurs nomades : les 3 grandes peurs qui freinent les futurs freelances (et comment les faire sauter !)
Peur n° 1 : le manque d’argent/de clients
Le salariat rassure dans le sens qu’il apporte un certain confort, avec des revenus qui tombent tous les mois. Quand on est freelance, les revenus sont plus fluctuants, avec des périodes fastes et des moments qui peuvent être plus calmes. Bref, cela peut faire peur !
Comment surmonter cette crainte ?
On te dévoile notre secret : construis-toi un tremplin. Celui qui te permettra de décoller sereinement pour enfin vivre ton rêve d’indépendance.
Il se matérialise sous plusieurs formes : tu peux te constituer un coussin financier, en épargnant, dans lequel tu pourras piocher en cas de périodes compliquées.
Ou, comme Manon, tu peux commencer en cumulant ton activité freelance avec ton job salarié dans un premier temps. Ainsi, quand tu vois que la première décolle et prend le dessus, tu peux faire la bascule.
Cela permet d’assurer ta sécurité financière, et aussi d’avoir le choix de tes contrats et de tes clients. Et c’est primordial pour ta réussite future !
Mais cumuler deux jobs n’est pas toujours facile et Manon en fait l’expérience : elle est en plein dans la période de switch, celle qui va lui demander de prendre des décisions car elle cumule son travail de directrice artistique à 40 h/semaine avec son activité de photographe les week-ends. Cela laisse peu de temps pour la vie sociale et personnelle ! Elle réfléchit donc à l’éventualité de passer à temps partiel, avant de faire le grand saut.
Peur n°2 : la procrastination
Quand on veut se lancer dans l’entrepreneuriat, la procrastination est l’ennemi numéro 1 des porteurs de projets. « Je veux le faire, je vais le faire… bon, demain, je commence. »
On connaît la suite…
D’où viennent ces hésitations à se lancer et cette tendance a tout remettre au lendemain ? Pour la plupart, c’est le manque de confiance qui est en cause. «Vais-je y arriver ? Et si j’échouais ? Et cette paperasse… je ne vais jamais m’y retrouver !”
Stop. Il n’y a qu’ une seule solution à ce problème : le passage à l’action.
Manon a envoyé un message sur Facebook comme une bouteille à la mer, en se disant que personne ne lui répondrait peut-être… Mais, grâce à ce petit geste, elle a décroché son premier contrat. Avoir peur d’échouer ? Elle a connu aussi. Mais il est essentiel de comprendre qu’on apprend de nos erreurs, c’est même ce qui nous fait avancer.
En restant dans l’immobilisme, on n’apprend rien.
Promis, le plus dur c’est de se lancer, ensuite tu ne pourras plus t’arrêter !
Peur n° 3 : la solitude
Se lancer dans le freelancing peut faire peur, surtout si on ne connaît pas d’entrepreneurs dans notre entourage. Il est plus difficile de se projeter et de trouver des réponses aux questions et aux doutes qui t’assaillent.
Manon a trouvé le remède : elle a pu rencontrer d’autres créateurs freelances, ou en voie de le devenir, au sein de la communauté du Campus. Elle a également participé aux équipages : il s’agit de membres du Campus réunis en petits groupes pour travailler ensemble. Manon y a trouvé écoute et soutien. Le parcours des autres membres l’inspire aussi beaucoup ! Cette entraide est bien sûr réciproque, et savoir qu’elle peut avoir un impact et aider quelqu’un grâce à ses conseils est très dynamisant pour elle.
Je pense qu’un des secrets, c’est vraiment de s’entourer de freelances ou en voie de devenir freelances.(…) Ne serait-ce que quand on a des petits coups de mou, des doutes, des peurs… Partager ça avec une communauté et voir qu’on n’est pas seul, que d’autres passent par le même chemin, les mêmes étapes à affronter, et qu’en fait c’est normal : je pense que c’est rassurant et surtout encourageant.
Manon
Une solidarité qui fait s’envoler cette peur de la solitude !
S’expatrier : le choix du Québec
Française, Manon vit au Québec depuis 2017. Et, pour l’instant, elle s’y plaît et ne se voit pas vivre ailleurs. En tout cas, elle ne se pose pas la question.
Elle s’y sent à sa place, le Québec lui a offert de multiples opportunités et elle aime plus que tout la facilité d’échanges et le contact humain.
En revanche, les problèmes avec l’administration concernant l’immigration sont fréquents – tous les expatriés au Québec vous le confirmeront – et elle a d’ailleurs été contrainte de rester 3 mois en France à cause de complications liées à ses papiers.
Si le Québec est une destination qui te tente toi aussi, découvre comment devenir travailleur autonome au Québec.
Se bâtir un portfolio de feu
Le portfolio, c’est le CV du créateur.
Proposer, de soi-même, un contrat gratuit, comme l’a fait Manon, est une belle expérience de terrain qu’elle peut mettre en avant dans son portfolio. Ce travail, en plus de montrer ce qu’elle sait faire, a été réalisé en conditions réelles et a eu un véritable impact pour sa cliente. De quoi lui donner bien plus de valeur !
De la même façon, un photographe qui voudrait se spécialiser dans le mariage peut proposer ses services à des futurs mariés en tant que second photographe. Un graphiste peut offrir ses prestations à une association, une petite entreprise, etc. C’est gagnant/gagnant !
Le portfolio n’en sera que plus impactant !
S’investir dans un projet personnel est aussi un excellent moyen d’exercer ses talents, de se faire connaître et de se donner de la visibilité. C’est ainsi que nous (Clem et Mumu) avons lancé Les Petits Aventuriers !
Rester aligné avec ses valeurs pour te construire une activité qui a du sens
Vivre de sa passion, c’est bien. Mais pour être complètement épanoui dans son travail, il est essentiel de rester aligné avec ses valeurs, de faire quelque chose qui a du sens (ce qui renvoie encore une fois à l’Ikigaï !)
Manon l’a bien compris. Étant elle-même végétarienne, elle sent que son travail peut jouer un rôle de sensibilisation à ce niveau, sur le fait de mieux manger, d’adopter un mode de vie plus sain. Elle souhaite mettre en lumière la cuisine végétale et va même encore plus loin en imaginant pouvoir partager des recettes végétariennes pour donner envie aux gens de végétaliser leur alimentation.
Manon est lancée et plus rien ne l’arrête !
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Quiz : Quel freelance es-tu ?
À retenir
- Pour vivre de ta passion, et ce, quelle que soit ton activité, il faut passer du stade de créatif « amateur » à celui de créatif « entrepreneur ». Cela demande de savoir être à l’aise dans ta relation à l’argent, de comprendre la valeur commerciale de ton travail et ce qui se cache derrière un tarif.
- S’entourer est essentiel quand on se lance en tant que freelance.
- Le meilleur moyen pour prendre confiance et sauter le pas, c’est de passer à l’action. Même si tu commences par un petit message sur Facebook !
Pour suivre Manon Soules :
https://www.instagram.com/soules.manon/
https://www.instagram.com/manon.soules.photography/
Interview par Clem et Mumu, article rédigé avec l’aide de Camille Gauthier.
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