Comment concilier coiffure, graphisme et voyage ?
Comment réunir ses passions pour développer un projet de créateur nomade ?
Grégory Goncalves te raconte son histoire qui nous emmène des Victoires de la coiffure à Paris à une école de graphisme au Québec, tout en passant par l’Allemagne.
Dans cet article, tu apprendras :
- Comment transformer une profession plutôt fixe en un projet nomade,
- Comment façonner ton projet pour qu’il te ressemble,
- Comment prendre conscience des besoins d’un marché,
- Comment monter un projet qui regroupe toutes tes compétences,
- Comment l’envie de voyager peut transformer une vie,
Les créateurs nomades : le podcast
Bienvenue dans la série d’articles et de podcasts sur les créateurs nomades. Notre objectif est de partager avec toi l’histoire de créateurs qui exercent leurs métiers sur les routes ; qu’ils soient photographes, illustrateurs, développeurs, musiciens, graphistes, vidéastes ou troubadours !
Tu peux écouter l’interview de Grégory sur notre podcast ici :
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Un parcours façonné pour voyager
De la coiffure au graphisme
Grégory, aujourd’hui trentenaire, a découvert la coiffure par hasard : une amie l’a invité par hasard au Salon mondial de la coiffure qui a lieu tous les ans à Paris. Il s’est rendu compte que les coiffeurs venaient du monde entier.
Et ça a été le déclic : il a ainsi réalisé que c’était un métier grâce auquel on pouvait voyager.
Lors de ce salon, il a pris conscience de tout l’univers créatif et artistique avec les shows de coiffure.Il n’avait jamais envisagé de devenir coiffeur : Mais cet événement a été un déclencheur pour lui.
À 18 ans, il a donc commencé par un apprentissage dans le domaine de la coiffure.
Finalement, après plusieurs années dans la coiffure, il a alors découvert le monde du graphisme, là encore un peu par hasard…
J’ai toujours été intéressé par l’art en général, j’ai toujours travaillé sur Photoshop, et en 2018, je me suis lancé dans un concours de coiffure, les Victoires de la coiffure. Pour ce concours, il faut monter un dossier de presse avec une collection de coiffures sous format photo. Je me suis lancé dans ce projet-là, j’ai fait les photos et les retouches et j’ai vraiment eu plaisir à faire ça. Je l’ai fait sans attentes en fait, ça faisait un an que je faisais de la photo, je me suis dit “on va voir ce que ça donne” et j’ai été nominé ! Il y a donc eu une cérémonie sur Paris. J’ai pu discuter avec les autres coiffeurs et ils m’ont dit qu’ils avaient payé 2000 à 3000 euros pour le photographe… Moi je me suis dit que j’avais fait tout le dossier moi-même, sans payer quelqu’un et que j’ai aussi été nominé, je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à exploiter. »
Grégory
Si l’univers de la coiffure et du graphisme peuvent sembler opposés, Grégory, lui, apprécie passer par des processus créatifs différents :
En coiffure, il s’agit d’un processus créatif court, c’est sur le moment, avec la clientèle.
Ce n’est pas programmé.
Alors que pour créer une collection, mener un shooting photo, le processus a été nettement plus long : il a établi un moodboard pour savoir dans quelle direction il voulait aller.
Aujourd’hui, et comme tu vas le découvrir plus tard dans cet article, Grégory souhaite allier ces deux domaines pour créer le projet qui lui ressemble !
De la France au Québec, en passant par l’Allemagne
Son envie de voyager ne l’a pas quitté et n’a fait que se renforcer : n’ayant pas pu voyager plus jeune pour des raisons financières, il a utilisé la coiffure comme un levier pour voyager.
Entre les concours de coiffure et les représentations de son salon en tant qu’ambassadeur de marque partout en France, il a vécu sa première expérience mêlant travail et voyage.
Son objectif était de partir travailler à l’étranger. Naturellement, comme il ne parlait pas anglais, il a choisi le Québec.
Grégory a d’abord tenté d’obtenir un PVT (Permis Vacances Travail) en 2013, mais, à l’époque, c’était “premier arrivé, premier servi”, donc il ne l’a pas obtenu (précisons que le PVT s’obtient désormais par tirage au sort – en 2019, le quota s’élevait à 15 000 places pour les Français).
Il a finalement misé sur le culot, en démissionnant de son salon de coiffure et en envoyant son portfolio depuis la France, en répondant à des annonces.
Ensuite, avec sa femme, ils se sont rendus trois mois au Québec pour passer des entretiens.
Sur les trois qu’il avait programmés avant de partir, il a reçu deux propositions sérieuses dont celle d’un salon ambassadeur de la marque MoroccanOil – une marque dont il avait déjà été ambassadeur pour la France !
C’est donc l’offre qu’il a retenu, et grâce à laquelle il a pu obtenir un visa Jeune Pro.
Après un an à Montréal, il a dû rentrer en Europe. Il est alors choisi l’Allemagne, car il ne souhaitait pas retourner travailler en France.
Je ne sais pas pourquoi, j’étais un peu lassé. »
Grégory
À ce moment-là aussi, le hasard a encore joué un rôle important : un de ses anciens collègues, basé en Allemagne, lui a proposé de venir travailler dans son salon. Il a appris l’allemand “sur le tas” durant les trois ans où il y a travaillé.
À l’époque, il était frontalier donc il vivait en France et travaillait en Allemagne.
Ses différentes expériences lui ont permis de développer sa pratique et d’apprendre à s’adapter en fonction de la demande de la clientèle :
Je suis très observateur donc j’observais mes collègues, je prenais certaines choses d’eux et ça me permettait de m’adapter à la clientèle. […] À chaque fois tu dois changer ta pratique ! «
Grégory
Mais le Canada a vraiment joué un rôle particulier :
C’est un endroit qui m’a toujours inspiré ! À la suite de cette année en Jeune Pro, je suis revenu chaque année pour m’inspirer ici. Je trouve qu’il y a plus de reconnaissance dans mon métier. Au niveau de la clientèle, on est plus vus comme des artistes qu’en France. »
Grégory
Depuis, il est de retour à Montréal pour développer son projet en graphisme.
Reprendre ses études à trente ans
Pour se professionnaliser dans le graphisme, Grégory est revenu au Québec avec un visa d’études. Il souhaite passer un DEC (Diplôme d’Études Collégiales) en graphisme – l’équivalent d’un bac. Cette formation dure trois ans.
Je suivais le CÉGEP Marie Victorin depuis un moment sur Instagram et je voyais que les projets qu’ils faisaient en cours étaient super intéressants, donc je me suis plus basé sur l’école que sur le choix du diplôme. Je voyais ce que les élèves faisaient dans ce CÉGEP-là, donc c’est pour ça que je me suis inscrit là.«
Grégory
Il est l’un des plus vieux de sa formation (avec une autre étudiante française), car la plupart des élèves ont 16 ou 17 ans. C’est quelque chose qu’il a parfois du mal à vivre et qui le fait douter.
C’est pas évident, car ils ont un autre objectif en tête… Moi en tant qu’élève, j’étais… je foutais la merde en classe, mais maintenant que j’ai 30 ans, ça m’énerve quoi !! Alors que j’étais comme ça… (rires !). Mais là j’ai envie de travailler, d’avancer…«
Grégory
Aussi, il continue de travailler dans un salon de coiffure à côté de ses études.
L’importance de se former
On ne te le répétera jamais assez : dans le monde actuel, il est important que tu te formes tous les jours un petit peu (même 5 minutes par jour) ! Alors peut-être que retourner à l’école comme le fait Grégory peut te faire peur…
Mais garde en tête qu’il y a plein de façons différentes de se former : tu peux lire des livres sur les sujets qui t’intéressent, regarder des vidéos YouTube, tu peux prendre des cours du soir, tu peux mener des projets personnels et apprendre en expérimentant ou tu peux aussi te former en ligne, depuis ton canapé…ou une plage du Costa Rica. 😉
Les possibilité sont infinies ! Le tout c’est de rester curieux et ouvert sur le monde et ce qui t’intéresse.
Si tu lis cet article, tu es sans doute intéressé à te lancer à ton compte en tant que freelance et travailler en voyageant. Alors télécharge ce guide gratuit qui te donne nos meilleurs conseils pour bien démarrer :
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Savoir se créer ses propres opportunités
Action et culot : deux éléments clés de son parcours
Si l’on devait résumer le parcours de Grégory en deux mots, ce serait “action” et “culot”.
Depuis sa découverte de l’univers de la coiffure jusqu’à son retour à Montréal et le début de sa formation en graphisme, il a bousculé les codes et su actionner les bons leviers !
Tout d’abord, pour décrocher son apprentissage en coiffure, Grégory n’a pas hésité à se créer un book afin de démarcher un salon qu’il avait repéré au fameux Salon mondial de la coiffure.
En fait, j’ai trouvé des modèles, c’était que du coiffage, pas de coupes. C’était pour montrer ce que je pouvais faire sans avoir commencé l’apprentissage. »
Grégory
Il décroche alors son premier job ! La suite de l’histoire va dans le même sens : un portfolio envoyé au Canada dans plusieurs salons, une démission en France pour aller chercher directement un job au Québec, un petit message à son réseau pour le prévenir de son retour sur Montréal… Grégory ose et ça paie !
Je suis quelqu’un de très fonceur, je réfléchis après ! »
Grégory
Il confie même avoir peur de l’inactivité, de trop penser et de ne pas assez agir…
La puissance du réseau
La plupart des opportunités saisies par Grégory ont été rendues possibles grâce au réseau qu’il s’est construit au fil des années.
Instagram a d’ailleurs joué un rôle important dans sa carrière : à son retour à Montréal, il a publié une petite annonce mentionnant sa recherche d’un poste de coiffeur. Il a reçu plusieurs propositions, grâce à une audience de professionnels.
Il doit cette dernière aux formations en coiffure qu’il dispense, mais aussi à ses connaissances.
Enfin, il souligne que le fait de ne pas parler anglais ne lui a pas vraiment posé de problème : son portfolio et son Instagram ont suffi !
Une idée qu’il développe dans son projet professionnel…
Allier ses différentes compétences pour bâtir un projet viable
À la suite des Victoires de la coiffure et dans la continuité de sa formation en graphisme, Grégory a très vite vu l’intérêt de mêler ses compétences pour créer un projet unique.
On te conseille d’ailleurs cette méthode si tu es multipotentialiste comme Grégory !
En alliant coiffure et graphisme, il rappelle un point essentiel que tu dois toujours garder en tête si tu veux te lancer en freelance :
Grégory a détecté un besoin (les services qu’il souhaite développer sont déjà proposés et il existe une clientèle prête à payer), il a les compétences pour y répondre et en plus, il a l’expérience qui favorisera la compréhension avec ses futurs clients.
À chaque fois, j’ai trouvé mes jobs via Instagram, donc je pense qu’aujourd’hui c’est devenu primordial pour un coiffeur d’être sur les réseaux sociaux et d’avoir un personal branding. Le graphisme a un rôle essentiel en tant que coiffeur. »
Grégory
De par son expérience de coiffeur, il connaît les problématiques liées à l’image des salons. Il mentionne d’ailleurs que beaucoup de logos en coiffure vieillissent mal ou qu’ils ne reflètent pas réellement le talent des coiffeurs.
Aujourd’hui, c’est vraiment primordial d’accrocher de futurs clients sur le web ! Tout ton branding doit correspondre à ton travail et ta personnalité ! «
Grégory
Un objectif : devenir freelance
Lancer une agence de com’ pour les coiffeurs
Grégory rêve aujourd’hui de lancer une agence de communication pour les coiffeurs : accompagner, organiser des workshops sur la communication des coiffeurs, mais aussi des formations de coupes.
Il souhaite vraiment lier les deux aspects, la coiffure et le graphisme.
Ce projet est finalement la synthèse de tout son parcours et de son expérience. Il travaille sur ce projet en parallèle de ses études et commence déjà à réaliser quelques missions : il a, par exemple, refait le logo d’une amie (qui par la suite a poussé la démarche en changeant toute l’identité de son salon et les produits qu’elle utilise).
Grégory a aussi lancé un compte Instagram dédié à ce projet ; il a commencé par le processus de création du logo et profite du temps libre lié au confinement pour développer cet aspect de son projet.
Un projet se développe avec le temps, comme le vin quoi !«
Grégory
Enfin, Grégory souhaite être freelance : pour garder la liberté d’un projet qui lui ressemble à 100% et qui s’adapte à ses envies de voyages et de création.
Sa vision (travailler moins pour voyager +)
Comme on l’a vu précédemment, Grégory voit sa vie comme un mélange de travail et de voyages… Le propre de tout créateur nomade ! Cette volonté s’est renforcée au fil des expériences :
C’est sûr que je n’ai pas pu prendre le temps comme je le voulais, en soi… Il fallait quand même que je travaille et c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de congés payés ici. J’aurais aimé voyager plus à travers le Canada et là c’est mon objectif. »
Grégory
L’avantage de son projet de devenir travailleur indépendant, c’est qu’il pourra l’exercer partout dans le monde : il a déjà commencé à se créer un réseau, il fait connaître son projet, il a des contacts dans trois pays différents, etc.
Être freelance, travailler pour soi, c’est l’avantage de pouvoir organiser son temps de travail comme on le désire et de saisir, dans son cas, de vraies opportunités de voyages.
Dépasser les doutes
Si son projet semble concret, cela ne l’empêche pas de douter.
Grégory est, au moment de l’enregistrement de podcast, dans une phase de questionnements :
Je suis content de faire ma formation de graphiste, mais en même temps ce n’est pas une période évidente, je me pose des questions : “Est-ce que ce projet peut être intéressant ? Est-ce que je peux l’amener à terme ? Est-ce que je vais aller au bout de la formation ?”. […] Et puis il y a d’autres choses : est-ce que je suis bon là-dedans ? «
Grégory
Il se questionne particulièrement sur la poursuite de ses études et rappelle les difficultés liées à la reprise des cours quand on a trente ans.
Pourtant, et tout son parcours le démontre : Grégory se met en action et survole les obstacles sur son chemin. Il explique notamment que le retour au Québec a été compliqué au niveau des formalités administratives, pour lui et sa conjointe.
Mais il reste positif :
À chaque fois, il y a eu des embûches, mais on a réussi à les dépasser. Maintenant, ça va. C’est pour ça que je dis que dans tout projet il y a des embûches, il faut savoir être persévérant et aller au-dessus, quoi ! »
Grégory
Les inspirations de Grégory Goncalves
Dès ses débuts dans la coiffure, Grégory s’est inspiré d’Internet ! Aujourd’hui, il utilise beaucoup les réseaux sociaux.
Je me suis inspiré de ce que j’avais autour de moi ! »
Grégory
Aussi, au-delà de ses voyages et de ses expériences de travail à l’étranger, il se passionne pour la mode.
Même dans mes cours de graphisme, je suis beaucoup inspiré par la mode. L’artiste qui m’inspire beaucoup et dont je me suis inspiré pour mon concours, c’est Alexander Mcqueen. C’est assez spécial, assez avant-gardiste, mais visuellement je trouve ça très inspirant. C’est mon designer préféré. »
Grégory
Où le suivre ?
Sur Instagram, définitivement !
Sa page coiffure: @gregorygcoiffeur
Son projet perso : @_capsule_montreal
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Interview Réalisée par Clem & Mumu de Voyage en Roue libre, article co-écrit par Clem & Mumu et Floriane Bourlion, rédactrice web spécialisée en tourisme, voyage et migration.
Remy MOREAU dit
Ça fais toujours plaisir de lire ces interview perso ça me redonne toujours un petit boost de motiv’.
Clem et Mumu dit
Merci Rémy ! On en a d’autres en préparation 😉