Hier, je suis passée sur un groupe Facebook de freelances quand j’ai vu un message qui m’a brûlé la rétine et mis la peau à vif. La question reposait sur le sujet épineux des vacances pour les indépendants.
Grosso modo, le message venait d’une travailleuse autonome qui se demandait – suite à une conversation avec son copain – si elle avait le DROIT d’avoir des horaires de bureaux classiques, de ne pas travailler le soir et le week-end et d’avoir des vacances.
Son conjoint lui disait que c’était le DEVOIR d’un travailleur autonome d’être toujours présent pour son client, si celui-ci travaillait pendant ces périodes.
Sa théorie repose sur l’idée que si elle ferme pendant ces périodes, elle perd des clients potentiels et donc des revenus.
Alors, a-t-on le droit d’avoir des vacances, nous, les créateurs freelances ? Ou devons-nous répondre à tous les besoins de nos clients en tout temps ?
Tu te doutes sûrement de ma réponse, mais je te propose de décortiquer le sujet pour comprendre :
- Pourquoi tu dois prendre du repos, même si tu es passionné par ton travail.
- Comment éviter de te retrouver en burn-out quand tu es un freelance.
- Comment planifier ton activité pour avoir le droit de prendre du repos.
Freelance, faut-il être ouvert 24h/24 ?
Lorsque l’on devient freelance, on a une barrière entre le professionnel et le personnel qui se brise, entre le travail obligatoire et la passion pour son activité.
La réussite de ton activité et tes revenus sont entièrement liés à toi.
Quand j’ai quitté la France, pour m’installer au Canada, j’avais de petites réserves pour vivre et trouver mes premiers clients. J’avais 3 mois devant moi. Forcément, quand tu pars de zéro, ça t’empêche de dormir.
Lorsque nous sommes parties en « tour du monde », je n’avais pas assez de clients stables pour être paisible.
Dans ces cas-là, tu paniques un peu. En plus, je sous-facturais mes prestations. Je n’osais pas me vendre au prix juste… J’avais bien les théories en tête, mais en pratique… Ça coinçait toujours…
Donc dans ce contexte, difficile de s’autoriser à prendre des temps de pauses, des vacances… Un client se présente… Tu enfiles ton super costume de freelance et tu cries « J’arrive » ! Même s’il est 22h.
Les conséquences négatives de la disponibilité continue
Avec cette pratique, tu t’épuises, tu te plies à toutes les volontés farfelues des clients mal organisés (les bons clients qui te respectent ne te feront que très rarement ce type de demandes)…
Tu ne dors pas bien, tu as un rythme décousu, tu n’es pas disponible au bon moment quand tes proches ont besoin de toi.
Parce que tu as toujours ton téléphone dans la main pour vérifier qu’il n’y a pas une « urgence client ».
Et au final, c’est aussi au détriment de ton client : si tu es épuisée, ton attention est diminuée, les erreurs plus fréquentes. Tu deviens de plus en plus irritable…
Bref, cette situation n’est bonne pour personne.
D’autant plus que ce rythme intensif peut très vite te conduire à un épuisement professionnel. Dans ce cas-là, vous êtes tous les deux perdants… Et tous tes autres clients aussi…
Et tu n’as pas choisi d’être indépendant pour te retrouver dépendant de tes clients, non ?
Pourquoi accepter qu’un freelance ne prenne pas de vacances ?
Mais creusons sur un point plus précis : pourquoi certains s’imaginent qu’en étant travailleur indépendant, ou encore créateur qui vit de sa passion, on n’aurait pas le droit de se reposer ?
Indépendants, pourquoi devrions-nous accepter de travailler 70h par semaine ?
Est-ce que travailler 20h ou 30h facturables par semaines est un crime ? (Un freelance a aussi ses heures de gestion, de formation, de compta, de réseautage à réaliser en plus).
Ce qui se cache derrière les propos du conjoint (tu dois être disponible tout le temps) est que certains clients ne respectent pas ton travail.
C’est un peu rude à dire, mais c’est vrai.
Quelqu’un qui exige que tu sois absolument disponible à toute heure du jour et de la nuit ne te respecte pas…
ou alors c’est ton nouveau né qui ne fait pas ses nuits… Et qui, lui, ne peut pas vivre sans toi…
Si on inverse les choses : Obliges-tu ton boulanger à ouvrir sa boutique à 23h parce que c’est à ce moment-là que tu veux manger du pain ?
Le client n’est pas roi.
Cette phrase » Le client est roi » est un mythe.
Ton client te paie pour réaliser une mission dont il a besoin. Il signe un chèque pour que tu l’aides. Il te fait un virement que pour que tu lui sauves du temps ou pour réaliser une tâche dont il n’a pas les compétences.
Tu le factures, car tu lui rends service.
L’argent n’est pas un signe de soumission vis-à-vis de ton client.
C’est un échange.
Un échange de bons procédés.
Par contre, cet échange tu dois le cadrer et l’anticiper correctement.
Cet échange vient avec des responsabilités de ta part que tu dois assumer.
Si tu n’es pas clair dès le départ, alors tu ne pourras t’en prendre qu’à toi-même si la situation se dégrade avec ton client…
Et si je te dis ça, c’est parce que j’ai fait ces erreurs…
Alors, comment éviter ces dérapages ?
Comment s’autoriser à prendre du repos quand on est freelance ?
Intégrer tes heures de repos dans tes honoraires
L’argument du conjoint reposait sur l’idée du manque à gagner si elle n’acceptait pour d’avoir des horaires extensibles. D’après lui, en ayant des horaires limités, elle limitait ses revenus.
Essayons de prendre le problème dans l’autre sens. Pour qu’il n’y ait pas de perte de revenus (et avoir une vie équilibrée), il faut anticiper ses revenus.
La première étape est donc de bien faire ses calculs dès le départ.
Ne te fie pas à ton taux horaire d’ancien employé ou aux nombres d’heures travaillées dans le monde du salariat. Il y a beaucoup d’autres paramètres qui rentrent en compte quand tu crées ton entreprise.
Lorsque tu te lances à ton compte, tu dois tout d’abord faire un calcul annuel ou mensuel selon tes objectifs.
Quel chiffre d’affaires aimerais-tu atteindre par mois ou par année ?
Admettons que tu aies décidé d’atteindre 50 000 euros par an de chiffre d’affaires.
Ensuite, tu dois déterminer le nombre d’heures facturables par semaine. C’est-à-dire les heures réellement travaillées pour un client.
De mon côté, je mise sur 20-25h par semaine, car je développe des projets à côté (qui attirent une clientèle, aussi).
Tu dois ajouter ensuite les heures de formation, de facturation, de gestion, de conférences (si tu en donnes), de création de contenu (si cela fait partie de ta stratégie), etc.
Admettons que cette partie te prenne 15h par semaine.
Le compte est juste, tu travailleras donc 35h par semaine dont 20h facturables .
Maintenant, fais le compte sur une année : combien de semaines de vacances souhaites-tu avoir par an ? 3, 4, 5 ?
Ajoute également quelques jours de maladies.
Pour l’exemple, ajoutons 5 semaines de vacances, et 1 semaine de maladie.
Pour résumer :
Heures facturables par semaine : 20h
x
Semaines travaillées par an : 46 semaines
=
Total des heures facturables par an : 920h
Si ton objectif est d’avoir un chiffre d’affaires de 50 000 euros par an:
Tu dois facturer au minimum 54,34 euros de l’heure. (50 000 euros /920h)
Attention, ici je précise bien chiffre d’affaires, car tu dois prendre en compte tes dépenses liées à ton travail (assurances, licences, formations, matériel informatique ou de création, tes charges sociales, etc.).
Ton chiffre d’affaires n’est PAS ton revenu net.
Évidemment, ton taux horaire doit aussi correspondre à la valeur que tu apportes à ton client.
Tu ne peux pas vouloir facturer 1000 euros de l’heure, si ton client ne s’y retrouve pas en bout de ligne 🙂
Tout est question d’équilibre.
Le choix des clients
Un vieil adage dit :
Ne travaille qu’avec des clients qui respectent ton travail.
J’en ai fait les frais… Et je sais aussi que ça peut sembler facile de dire ça comme ça, quand tu galères à trouver des clients…
Mais le problème est que les mauvais clients te réfèrent de mauvais clients.
Tu dois te concentrer pour trouver des clients qui valorisent ton travail, qui en comprennent le sens.
C’est important de détecter dès le début les signaux d’alerte.
Si tu perçois des difficultés à travailler avec un client, que tu as un mauvais pressentiment, n’accepte pas le contrat.
La méthode pour travailler qu’avec d’excellents clients ne peut pas se résumer en un article.
Je t’invite à lire le guide ci-dessous où je te donne des clés pour arriver à cet objectif. Dis-moi simplement à quelle adresse je dois l’envoyer.
Cadrer sa relation avec ses clients
Ensuite, tu dois créer un cadre avec ton client.
Tu ne dois pas te placer comme une personne dépendante de lui.
Si le rapport de force est déséquilibré, tu seras obligé de te plier à toutes ses volontés au détriment de ta santé mentale.
Un peu comme dans Star Wars, tu ne veux pas basculer du mauvais côté de la force, sinon il est presque impossible d’en revenir…
J’arrête ma comparaison ici, je ne veux pas te spolier le dernier épisode !
Donc dès le départ, avant même la signature d’un devis, tu dois poser les conditions de travail. Tu expliques ta manière de fonctionner, le nombre de révisions (corrections) incluses au contrat, tes disponibilités, les moyens de communiquer, etc.
La réussite d’un projet repose essentiellement sur la communication avec un client. Les malentendus sont la source de tous les problèmes.
N’aie pas peur de poser tes conditions dès le départ. En plus, ça te permet de voir en amont si ton potentiel client est difficile.
Informe tes clients en amont
Comme pour le point précédent, il est important d’aviser tes clients avant de fermer boutique pour 3 semaines.
Si tu travailles sur des missions ponctuelles, tu peux soit refuser les contrats, soit tu proposes à ton client d’attendre ton retour.
Si tu as des clients de long terme et réguliers (c’est mon cas), préviens-les quelques semaines voire quelques mois avant.
Fais des rappels réguliers sur ton absence (sans culpabiliser). Ils ont mille choses à penser, donc ça peut facilement leur sortir de la tête que tu ne seras pas là.
Évidemment, évite de partir à un moment critique pour tes clients, ou alors, propose à un freelance de confiance de prendre le relais pendant ton absence.
Prends des vacances
Depuis que j’applique ces principes, je me sens beaucoup plus légitime et à l’aise avec mes clients. Mais surtout, je peux prendre des vacances sans culpabiliser.
L’an dernier, j’ai pris 5 semaines de vacances d’affilées au mois de décembre.
Évidemment, on a travaillé sur nos projets personnels (Voyage en roue libre et Les petits aventuriers), mais c’est parce que je le voulais 🙂
Mais on est parties à Hawaï sans stress client, sans emails, sans angoisses. Le pied ! Ça me paraissait impossible il y a 4 ans…
Prendre des vacances, c’est parfait pour ta créativité. Ça te permet de laisser ton esprit divaguer pendant une sortie en kayak et trouver de nouvelles idées.
Tu reprends des forces, tu peux créer pour toi. Faire le point sans pression. Ça te permet de revenir chargé à bloc pour faire cartonner les projets de tes clients.
Ça te permet de t’ouvrir de nouveaux horizons, d’observer, de dormir, de rêver, de passer du temps avec tes proches.
Un bon créateur freelance est un freelance équilibré 🙂
Et toi prends-tu des vacances ? Dis-nous en commentaire ce que tu penses de ce sujet 🙂
Pour aller plus loin
Nous travaillons en ce moment sur la création d’une formation pour t’aider à développer ton projet perso et ton activité de freelance.
L’objectif est que tu puisses devenir libre, indépendant et que tu développes un projet qui te ressemble sans être dépassé.
Si tu veux être informé en avant-première de son lancement et nous faire tes retours sur le programme et bénéficier d’avantages inédits, dis-nous ci-dessous où t’écrire 🙂
Enora dit
Tellement d’accord avec votre article ! C’est important de se garder des semaines de vacances même en étant indépendant et de simplement bien les avoir inclues dans son calcul de tarif et de les anticiper un minimum auprès de ses clients en court. De cette manière, il n’y a aucun problème à prendre des vacances.
Si on travail non-stop, on tire forcément sur la corde, on s’épuise, on perd en productivité, en créativité et le corps dira stop un jour ou l’autre.
Clem et Mumu dit
Exactement ! Se tuer à la tâche sans pause n’est pas viable sur le long terme… Passez de belles vacances 😀
bereciartua dit
Bon, je n’ai pas lu l’article car tout était dans le titre et j’ai clairement mon opinion là dessus…
La seule chose à dire : la personne la plus importante au monde pour soi c’est soi-même !! Alors oui aux vacances, oui au temps de repos pour voir ses enfants, ses amis, pour réfléchir, pour ne pas réfléchir…
Et si on veut garder la passion du projet il ne faut pas avoir l’impression que l’exigence de l’Autre le transforme…
Clem et Mumu dit
Merci pour ton commentaire ! On est complètement d’accord ! Bonnes vacances 😀
Geoffrey dit
Entièrement d’accord avec cet article ! Merci
Clem et Mumu dit
Vive les entrepreneurs libérés ✊😅